• Est-ce parce qu'il réunit et met en perspective des aspects appartenant à des registres qui d'habitude ne se confondent pas (réflexion sur la mythologie égyptienne antique, crise moderne des pays arabes où se cherche la démocratie, tradition spirituelle biblique en la figure du Prophète Isaïe...), en plus de la  référence à un poète contemporain (Ezra Pound), l'article "Je rassemble les membres dispersés d'Osiris " a eu un succès appréciable. Bientôt dix mille pages vues et quatre mille visiteurs.

    Il est vrai que le fond de l'article met en résonnance une actualité particulièrement brûlante, avec l'embrasement populaire et démocratique des pays d'Afrique du Nord !...

    En tout état de cause, merci à tous ceux qui sont venus attraper la mèche du Kairos en ouvrant les pages de ce blog.   

     jf Monnet le 19/02/2011


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     ''Au jour de la victoire sur Madiane''-- aquarelle -- jfMonnet

     

    Chers amis du blog,

     

    Ceci ne sera qu'un mot d'émotion pour traduire mon sentiment face à ce qui se passe d'extraordinaire en Tunisie et en Egypte :

      

    Le sourire de l'Ange est peut-être la vengeance de Dieu.

           Aussi, à cette heure, le Pharaon dormant pour l'éternité

           dans sa chrysalide de bandelettes

           et dans son sarcophage d'or placé dans l'ombre sacrée de la pyramide

           doit-il sourire en pensant

           que pour son peuple et sa descendance,

           le mieux semble advenir : la liberté !

     

    L'ordre ancien des royautés existait pour que, dans la société des hommes, dense et organisée comme une fourmilière, quelqu'un eût l'autorité de veiller à la sûreté des frontières du Royaume et au remplissage des greniers à blés.

    Le Roi était la tête et le peuple le corps.

    La Divinité, devenue proche et pour laquelle semblait s'épanouir le besoin intime d'un élan personnel, rassemblait en elle les vertus cardinales du Panthéon : puissance bienveillante, beauté et harmonie, esprit vivificateur et don de résurrection dont la métaphore tangible était le retour saisonnier des crues du Nil. L'aurore du Dieu parfait, au sens de l'imago, pointait sur l'horizon humain. Pharaon pourrait bientôt et enfin mourir, délivré de son cocon de rubans ; et la Persona, façonnée sur les rives de la Méditerranée, bientôt, à l'image de la Psyché gréco-latine, s'envoler vers la lumière d'une consistance, d'une chair et d'un ciel.

    Les dictateurs modernes ne sont pas les Rois des anciens Royaumes ; leurs pouvoirs divisent les hommes et divisent ce qui est en l'homme ; leur exercice tue une nouvelle fois le Dieu parfait, et disperse ses membres ; leur crispation totalitaire à se maintenir sur le trône semblant à jamais interdire toute renaissance du peuple et de son âme.

     

    Advient un cri, un élan essentiel, le mouvement d'une partie éclairée de la population, de sa jeunesse ; et l'esprit d'unité, la reconnaissance de tous par tous, redonne vie à ce qui était défait, à ce qui était défunt. Le feu s'en répand.

    Une nouvelle ère se dessine, une nouvelle aube pointe sur l'horizon ; celles de la liberté pour tout un peuple et sans doute les populations de plusieurs pays, en cascade.

    Osiris une nouvelle fois irrigue les terres humaines de son Royaume ; le poète, qui jamais ne pourra créer une civilisation à lui seul, garde le pouvoir de décrocher sa lyre des branches du saule où il l'avait remisée, et peut affermir l'espace et le temps en reprenant à son compte les versets immortels du Livre d'Isaïe ...

    "Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l'ombre, une lumière a resplendi. Tu as prodigué l'allégresse, tu as fait grandir la joie : ils se réjouissent devant toi comme on se réjouit en faisant la moisson, comme on exulte en partageant les dépouilles des vaincus. Car le joug qui pesait sur eux, le bâton qui meurtrissait leurs épaules, le fouet du chef de corvée, tu les as brisés comme au jour de la victoire sur Madiane. "(Isaïe / chapitre 9).

    ... Et en clamant avec le poète américain Ezra Pound "Je rassemble les membres d'Osiris ".

    Les dépouilles des vaincus gisent sur la place Tahrir.

     jf Monnet, le12/02/2011


    Je dédie ce texte à Abdourahman Waberi, Gabriel Okoundji, Jaime Diaz Rozzotto et Boniface Mongo M'Boussa qui sont chacun une étoile dans la constellation poétique des cinq continents et qui s'affirment, au moins pour certains d'entre eux, "écrivains du monde".

     


    PS1 du 13/02/2011 : "Ben Ali dégage" : le français reste la langue révolutionnaire, n'est-ce pas ?!

    PS2 (idem) : je me demande si la prophétie développée par A. Waberi, dans son roman "Aux Etats-Unis d'Afrique" ne va pas se réaliser plus tôt que prévu - Parfois le cours de l'Histoire semble s'accélérer...


    Quelques liens concernant les auteurs cités ci-dessus :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Abdourahman_A._Waberi

    http://www.culturessud.com/auteur.php?id=1082

    http://ecla.aquitaine.fr/Annuaire-des-professionnels/Ecrit-et-livre/Auteurs/Gabriel-Okoundji

     


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