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HURRICANE
Un poème rappelant que les hommes ont encoléré la mappemonde
''Tache rouge et Oeil du Chaos''- Peinture à l'enduit - jf Monnet , novembre 2006
HURRICANE
A Christophe, poète qui ne dédaigne pas que fussent introduits en le propos les mots de la science.
Le cyclone est un feu de vapeur sur la mer.
C'est comme si la terre s'était impatientée
De cet été carbonique que l'homme lui fait subir ;
Comme si au-dessus étendue, une mer de mirages,
S’était élevée ;
Comme si s'était levée
- Majestueux assemblage des charpies arrachées
A la spirale jaillie de l'éclat primitif et blanc
Comme une lumière de transfiguration -
Une nébuleuse valse, un tournis hectokilométrique
Traversé d'humeurs antiparallèles,
Verticales comme l'ombilic des choses,
Comme les échelles conduisant
Vers les hauteurs et les entités célestes.
Le chaos a soudain pensé à ses fils perdus dans les commencements ;
À ses fils construisant des demeures, des cabanes faites
Pour être dévastées, détruites.
Il provenait des temps d'avant l'univers
De la conscience,
Il avait produit son œuf informel
Dans les temps où la parole n'existait pas.
Il brassait les énergies d'une Terre primitive,
D'une terre qui n'était qu'une boule de fièvre,
Moments où la lame alarmée des magmas
S'enfonçait encore vive dans la chair
Des eaux naissantes.
Il ne s'agissait pas de l'excitation
D'un grain sur les voiles tout à l'heure
Imprégnées de soleil, fouettant
Le visage ravi des marins au large du port,
Ceux dont l'horizon règle l'infini en leurs yeux.
Au cœur du maelstrom, le pivot de fer
D'une tornade aborigène
Avait-il sondé ces forces ? C'est à croire...
Il s'agissait bien d'une coalition d'avant le déluge,
Quand la terre vagissait, imaginant
Ses langes de basalte,
Se rappelant que la planète luisait
Dans la myriade qui était semence
Du sexe d'Ouranos.
Le tragique avait une origine
Et le tohu-bohu un œil fixe
Comme l’azur.
L'océan androgyne sentit la puissance du souffle se lever
Et il creusa les reins ; ce fut comme si l'éternité n'existait plus,
Début d'une violence qui se déchaîne
Comme un pur événement.
Il gémit comme un animal blessé
Mais nul Christ pour marcher sur les eaux.
…La rafale toujours plus forte, et quoi
Pour ramasser les masses en paquet de ce déchaînement ?
La conque se tait, le lambi
Se fait roc de nacre dans l'atoll.
Mesurer à l'aune de bras puissants la houle,
… Et quoi pour ramasser les masses intangibles
De tant d’énergie ?
La mer creuse un peu plus les reins et gémit encore ;
La houle impressionnante devient armée de vagues dépassant les toits.
Et aucun Christ pour marcher sur les eaux, pour les sommer de se calmer…
Là sont les hommes sans expérience, à la mémoire faible ;
Là sont les maisons des hommes oubliant leur vulnérabilité
(Ce que connaissait l'ancienne tribu ; et voici la peur sauvage renaissant en les yeux)
Là sont les hommes qui ont amenuisé leur confort
Dans l'illusion de l'immobilité de tout.
Là sont les hommes qui ne croient pas en la légende de Noé,
Qui semblent n'avoir jamais entendu parler
Qu'un personnage extraordinaire, prêt à défier les dieux,
Peut-être un demi-dieu, sut dompter
Les crues des quatre fleuves, comme faisant taire
Les anges de l'Apocalypse.
La grande tache rouge de Jupiter, comme un oeil du Chaos.
La Grande Tache rouge de Jupiter est un gigantesque cyclone de l'atmosphère de Jupiter. Longue d'environ 15 000 kilomètres et large de près de 12 000 kilomètres, elle est un peu plus grosse que la Terre et des vents y soufflent à environ 700 kilomètre par heure.
La spirale des origines, dans un bouquet de roses ! - dessin au feutre -jf Monnet, août 2017
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Réponse de Christophe
''Merci Jean pour ce poème inspiré des derniers ouragans terribles, où l'homme à la mémoire courte réapprend sa mesure et mesure l'influence de sa démesure.
Il s’interroge sur le prix de vente de la terre conquise, volée, au lieu de questionner la pertinence d'y construire comment ou quoi que ce soit !
Le temps d'interroger la sagesse manque à celui qui de toute manière n'en écouterait pas la réponse.''
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