• AU TEMPS DES ASSASSINS (QUI PRENDRA LE RELAI DE LA NECESSAIRE IMPERTINENCE... SANS SPOLIER L'ESPRIT-DE-POESIE)

    TRISTE ET IRONIQUE DESTIN QUE CELUI DE CES VIES VOLEES

      

    QUI PRENDRA LE RELAI DE LA NECESSAIRE IMPERTINENCE (GENERATION CHARLIE ?)

    ''Au temps des assassins'' - photo de publicité pour un spectacle, détourée et

    retouchée à la gouache et à l'encre - j f Monnet, octobre 2013.

      

    ''Voici le temps des assassins'' a dit Rimbaud dans son poème ''Matinée d'ivresse''.

      

     L'art, le dessin, la musique ou la danse, la création sont d'une grande inutilité et hautement nécessaires. De même  que Naître est d'une grande inutilité, mais absolument nécessaire ... au fait de vivre !

     

     Qui prendra le relai de la nécessaire impertinence des artistes humoristes sauvagement assassinés ?...

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    Cet attentat meurtrier contre Charlie Hebdo nous renvoie à un drame où les protagonistes sont des criminels fanatisés faisant de journalistes turbulents et irrévérencieux, sorte de ''fous de la République'', des martyrs malgré eux.

      

     

    AU TEMPS DES ASSASSINS (QUI PRENDRA LE RELAI DE LA NECESSAIRE IMPERTINENCE)

    ''Cassandre ''- Dessin et collage - jf Monnet juillet 2012.

      

     

    Tout cela donne la gueule de bois à force de réalité tragiquement humano-humaine ; pour un peu je dirais bien que ceci, comme tout ce qui est ponctué par les sirènes des ambulances et les reportages TV des groupes d'intervention de la gendarmerie, ... comme tout ce qui est amplifié comme étant urgente urgence, ...manque d'élévation spirituelle ; cela  nous tient l'âme confinée dans une attente anxieuse et scotchés au spectacle d'un quotidien où il se passe (enfin ?) quelque chose ; mais ce spectacle reste d'une certeine façon extérieur à nous , même si l'on se dit touché par tant de violence, de souffrance, de douleur possible et d'admiration pour le courage des forces de l'ordre. 

    Une forme d'extériorité semble vouloir imprimer son rythme : le désordre réside en cela ! Là est bien le temps frénétique et immuable des assassins !

     

    Ces vies très malheureusement volées sont à mettre en pendant avec la parole du Christ:

    « Ma vie, nul ne la prend mais c'est moi qui la donne » (Jean 10,18)

    Jusque dans l'accusation, la condamnation et le mise à mort, la vie du Christ est une vie donnée et non une vie volée ; ceci fait toute la différence...

     

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    (La lecture de Rimbaud me semble toujours aussi difficile : on veut expliquer la poésie, la comprendre mentalement, mais celle de Rimbaud, comme celle d'Artaud qui s'en est manifestement inspiré, comme celle de René Char dans ses poèmes abscons, ou encore comme celle de certains surréalistes, résiste à mon avis à toute compréhension raisonnable et a fortiori logique... Il ne faut pas sous-estimer la portée spirituelle d'une telle poésie qui, comme chez Artaud, luciférienne et paradoxale, présente l'Enfer et abrite le Paradis. Voici le poème cité en référence ci-dessus :)

     

    Matinée d'ivresse

    Ô mon Bien ! Ô mon Beau ! Fanfare atroce où je ne trébuche point ! chevalet féerique ! Hourra pour l'œuvre inouïe et pour le corps merveilleux, pour la première fois ! Cela commença sous les rires des enfants, cela finira pas eux. Ce poison va rester dans toutes nos veines même quand, la fanfare tournant, nous serons rendu à l'ancienne inharmonie. Ô maintenant, nous si digne de ces tortures ! rassemblons fervemment cette promesse surhumaine faite à notre corps et à notre âme créés : cette promesse, cette démence ! L'élégance, la science, la violence ! On nous a promis d'enterrer dans l'ombre l'arbre du bien et du mal, de déporter les honnêtetés tyranniques, afin que nous amenions notre très pur amour. Cela commença par quelques dégoûts et cela finit, - ne pouvant nous saisir sur-le-champ de cette éternité, - cela finit par une débandade de parfums.

    Rires des enfants, discrétion des esclaves, austérité des vierges, horreur des figures et des objets d'ici, sacrés soyez-vous par le souvenir de cette veille. Cela commençait par toute la rustrerie, voici que cela finit par des anges de flamme et de glace.

    Petite veille d'ivresse, sainte ! quand ce ne serait que pour le masque dont tu nous as gratifié. Nous t'affirmons, méthode ! Nous n'oublions pas que tu as glorifié hier chacun de nos âges. nous avons foi au poison. Nous savons donner notre vie tout entière tous les jours.

    Voici le temps des Assassins.

      

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    Federico Garcia Lorca

    Enfin ceci :

    La voix des poètes, comme la parole de Jean-le-Baptiste au désert, a peut-être comme objectif final de préparer l’unanimité.

    Rimbaud, Artaud, Char, Hölderlin, Apollinaire, Lorca, Neruda (...) font vivre et régénèrent le langage.

    Les poètes inventent leur civilisation, par la connaissance profonde qu’ils ont de leur langue maternelle. Et ceci, en Europe particulièrement, ils l’ont fait depuis ce socle qui est notre civilisation chrétienne ; en effet nul poète ne peut se dire sui generis et ne peut se prétendre au dessus de sa civilisation.

    Une autre façon de dire les choses est la suivante : ils plaident – peu ou prou, souvent de façon paradoxale car il ne s’agit pas pour eux d’écrire des sermons et des prêches d’église- pour une civilisation occidentale de la même façon que les poètes de l’Antiquité pouvaient exalter les vertus de l’empereur en place.

    Cette poésie est donc née dans le berceau d’une civilisation et ses institutions s'honoreraient à en reconnaître les racines chrétiennes !

    (Le glas a sonné d’un art de la provoc’ et du nihilisme… laissons la tête de mort, fut-elle celle d’un polytechnicien, à ceux qui, s’en faisant plus ou moins conscient emblème, en pirates de l’imagination, prouvent ainsi qu’ils n’ont rien à dire ni à penser et qu’en rien ils ne peuvent en conséquence préparer le futur !)

    C’est fausse intelligence qu’imaginer pouvoir se passer de cette reconnaissance.

     

    Tous les temps, toutes les époques des hommes ne sont que rivages infiniment remaniés par la puissance infinie de l’océan. Les poètes font corps, âme et intelligence avec leur langue maternelle* Mais ceci ne serait d’aucun effet et ne serait qu’artifice si ce labeur de genèse poétique n’était pas lui-même plus en profondeur encore, sans cesse travaillé par la parole du Christ, parole dont la compréhension fonde notre civilisation.

    Cette parole domine et résume, tout en lui ouvrant un avenir, la civilisation occidentale appelée à devenir civilisation universelle.

     

    Les poètes luttent -comme Jacob avec l’Ange- avec l’esprit de la langue ; Ils font rouler les graviers de leurs neurones au flot tumultueux de leur imagination et fourbissent leurs armes miraculeuses en se souvenant de leur humanité.

      

    Il s’avère aussi que par son histoire et la multiplicité de ses origines, la langue française est d’une richesse particulière, extrêmement propice à l’art poétique.

    Parlons ici de la langue française comme d’une richesse !

    Parlons-en comme d’un trésor d’où, en bel et bon scribe, tirer du neuf et de l’ancien !

    Et il y aurait grand bénéfice à ce que la poésie française renoue avec l’art de l’Hymne catholique.

     

    *(et pourquoi ne rajouterait-on pas aussi ‘’paternelle’’ ? !)

     

    Pablo Neruda


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