Celle que son coeur n'accusait pas ...

 Bethsabée au bain- par Rembrandt

   Il y a quelques jours je participais à un repas entre artistes ayant exposé sur le thème ''Visage, icône de la personne''. Au cours de ce moment fort sympathique, l'un d'entre nous lança la question qui est d'usage pour toute assemblée réunie autour d'une même passion, que ce soit livre, objet de collection ou tableau : ''Si vous deviez n'en emporter qu'un chez vous, lequel prendriez-vous?''.

   Je fus surpris -car cette iconographie n'est pas de celles promues par la vie courante !- qu'une certaine unanimité se portât sur Rembrandt...

Certainement, à y réfléchir, n'était-ce pas tout à fait le fruit du hasard : toutes ces personnes ayant été déjà réunies, pour ainsi dire, dans l'acte de création autour d'un thème qui leur était également cher.

   En fait Rembrandt semblait s'imposer comme tenant de l'art doublement majeur :   

   - comme celui du peintre de l'expression humaine, sujet noble s'il en est ;

   - et comme celui de l'excellence de sa sensibilité, ayant porté à son apogée l'expressivité du portrait.

... Dans nos propos suivait timidement Van Gogh ; quant à moi je risquai sans trop de conviction une Vénus du Titien aperçue à Venise ...

   Depuis fort longtemps, depuis mes débuts à vrai dire, je me suis intéressé à la peinture de Rembrandt. Encore récemment j'ai eu l'occasion de regarder sa ''Bethsabée au bain'' et d'échanger avec tel ou tel à son propos. Elle est un modèle de nu féminin pour tout peintre... Œuvre incontournable !

Le visage de Bethsabée  exprime de la mélancolie.

Sa posture, tête légèrement inclinée vers l'avant et pensive, dit le drame qu'elle envisage pour son mari Ourias  (envoyé à une mort certaine sur le champ de bataille par le roi David qui veut la prendre pour épouse), la résignation ou la soumission aux volontés royales qu'elle sait ne pouvoir contrarier ; et aussi sans doute - sentiment ambivalent mais sans accusation du coeur - une sorte de fierté humble d'avoir été remarquée et élue.

Son attitude intérieure donne de la noblesse, quelque chose d'altier à la plénitude de ses chairs.

C'est une magnifique figure de l'intériorité, féminine en l'occurrence.

 Bethsabée au bain, d'après Rembrandt - étude à l'encre et à l'aquarelle - jf Monnet début février 2015

   Elle est nudité chaste, bien plus que certaines nudités très peu vêtues.

En effet cette nudité est drapée dans cette dignité de la personne qui médite et se tourne vers son intériorité.

 

 Bethsabée au bain, d'après Rembrandt - étude aux feutres de couleur - jf Monnet mai 2015

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Le serviteur de David venant chercher Bethsabée, Jean Masys - 1562

Etude d'après Jean Masys - Technique mixte 2014 - jf Monnet 2014