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HIROSHIMA
Pour ce siècle, plutôt qu'uranium, gaz, phosphore ou napalm, des bombes atomico-poétiques !
Le cerisier en fleur (explosion de pétales !) - jf Monnet avril 2015
Dernièrement plusieurs films (dont le dernier en date ''les délices de Tokyo'' que je vous recommande expressément) ont mis le Japon, ses paysages et sa civilisation, en scène.
Sous les cerisiers en fleur - Image du film renvoyant
à un leitmotiv de l'émotion poétique et sensuelle japonaise...
Jusqu'à quel point est-on touché par des images belles, des scènes émouvantes ? Peut-être à un niveau qui nous échappe ; ou dans un ''endroit de l'âme'' différent, autre, une sorte d'ailleurs que l'on n'aurait pas soupçonné.
Et voilà qu'avant hier matin, prenant corps dans le nid obscur de quelques réminiscences, œuf réchauffé jusqu'à maturité par la chaleur de quelques pensées contingentes et venant à éclore par je ne sais quel sentiment d'urgence... m'est sorti des doigts, presque d'un jet, ce poème sur ce drame du 20° siècle, ''mon'' siècle.
Combien de bombes atomico-poétiques faut-il / faudra-t-il/ pour ôter le voile de deuil, celui dont parle Isaïe en ces termes : ''Il enlèvera le voile de deuil qui enveloppait tous les peuples et le linceul qui couvrait toutes les nations'' ?
Le cerisier du Japon dans la ville - Peinture avec fleur de cerisier posée dessus -
(Le souffle de l'explosion printanière a projeté cette fleur jusque là !)
jf Monnet avril 2015
Hiroshima
Le Japon est ce jour un tigre en ses neiges,
Garant que les fausses amours ne triompheront pas ;
Il est déjà victime
Sous l’horizon
Et l’incendie vertical
Les hommes ont voulu un ennemi
Et ils ont fabriqué le soleil de la force,
De la victoire par l’orgueil,
Ils ont voulu ce soleil plus terrible
Que le Soleil n’est grand
Et ils n’ont élaboré qu’un infime soleil
Qui aura terni l’éternité des temps
Ils pensaient que leur lumière précéderait
Sa lumière éternelle
Et ils ont obscurci le jour,
Réussi à éteindre sa lumière
Sur trente kilomètres au carré
Ils ne savaient pas, ni leurs ennemis non plus,
N’ayant pas quitté l’enclos de la maison des hommes,
Qu’un univers existe
Où désastres et massacres
Ne sont pas souhaitables
Et que d’ores les regains de la paix
Sont déjà engrangés
Hiroshima
En deçà du parchemin des peaux brûlées,
Des yeux comme billes de charbon,
Au-delà des têtes enflammées
Champignon d’une lumière échappée au songe
Mais ressemblant à ce qui se pourrait prédire
Pour que retombant
L’horizon lui-même
Soit en cendre !
Etude de cerisier en fleur ; peinture acrylique- jf Monnet avril 2015
Je tiens à préciser le point suivant : il me semble bon que dans un poème tout ne soit pas parfaitement explicite, que demeurent des zones de flou ou d'ombre, des parts échappant à la compréhension immédiate. L'hermétisme ou le surréalisme, ou encore un certain genre de symbolisme, ont ouvert ce registre qui laisse une grande liberté à l'interprétation et qui, dans son expression, outrepasse le sens commun. On peut le déplorer -surtout que cette méthode d'écriture a eu ses excès et ses dévoiements ! - mais je pense quant à moi que c'est une bonne chose, fondamentalement. En tout cas il y a, à mon avis, et tout particulièrement en poésie, un côté irréversible dans ce fait. La résonnance se fait plus profonde.
Je pensais avoir une image d'une figure féminine, si possible une danseuse japonaise en costume traditionnel, dans ma collection de dessins, mais non : je n'ai trouvé que ceci, qui finalement ne colle pas si mal avec le contenu de cet article :
Danseuse et Monde ... le monde comme une spirale un peu folle,
rebondissant vers des futurs imprévisibles...
Dessin au stylo bille et encre grise sur carnet - jf Monnet, fin janvier 2016
Voulant finir sur une note équivalant au début de cet article, qui évoque la beauté du Japon, mais n'ayant malheureusement jamais eu l'occasion de faire des photos sur place, je vous livre cette étude d'un paysage d'entre Vinsobres et Nyons, réalisée pour le coup in situ :
Paysage près de Nyons et Vinsobres - feutre et Posca sur papier - jf Monnet, octobre 2014
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