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LANGUE ESCLAVE
A LA MEMOIRE DE DEUX "POETES DES CINQ CONTINENTS"
''Quetzalcoatl à Pompéi'' -
Dessin illustrant comment les ressources mythologiques et culturelles des pays qui sont d'une culture autre que celle de l'Occident (évoquée par la muse pompéienne et le temple antique) peuvent vivifier la nôtre. C'est aussi un éloge à la culture livresque classique qu'affectionnaient ces deux poètes (poésie et roman, linguistique, philosophie, dialectique...) - jf Monnet, mars 2001.
Ils appartenaient, l'un au monde amérindien, guatémaltèque ; l'autre aux Afriques et plus exactement au Congo-Brazzaville. Ils ont en commun d'avoir été à la fois des écrivains et des hommes politiques.
Il s'agit de Jaime Diaz-Rozzotto qui fut professeur à la Faculté des lettres de Besançon (espagnol), en exil en France suite au coup d'état qui eut lieu dans son pays.
Et de Jean-Baptiste Tati Loutard , ''une des voix majeures de l'Afrique francophone'' , dont j'ignorais l'existence jusqu'à ce que quelques-unes de mes connaissance africaines m'en parlent, il y a plusieurs années.
''...Jadis le pouvoir du fer et du feu parmi les nobles empourprés et les esclaves...'' (JB Tati Loutard)
Dessin aquarellé - jf Monnet janvier 2012
J'ai assez bien connu Jaime, et l'oeuvre de Tati Loutard plaide elle aussi en ce sens par sa qualité, pour être persuadé que ces deux personnes vivaient de poésie.
Elles sont originaires de deux continents différents. Elles ont vécu à l'orée des temps où notre planète devint, peut-être pas un village, mais une planète-monde, un ensemble qui aujourd'hui est désormais très interconnecté.
Quelques symboles chers à Jaime Diaz-Rozzotto : le Quetzal, oiseau emblématique
du Guatemala ; le maïs plante vivrière des Mayas ; Quetzalcoatl, le ''Serpent à plumes'',
divinité majeure du panthéon amérindien... - dessin jf Monnet, décembre 2018.
Par le texte qui suit, je veux honorer leur mémoire.
Leur amour de la langue française n'est pas pour rien dans cet hommage...
Langue esclave
Hommage à Jean-Baptiste Tati Loutard et Jaime Diaz-Rozzotto
Langue esclave
Langue asservie
Langue d’oreille retournée, de manche retroussée,
Jamais distraite
Langue passée contre les véritables soleils
Langue des villes aux fleuves oisifs
Langue des villes au corps confisqué
Langue aux encres noire et blanche
Langue non sans le sang de la fougue
Langue non sans le sang du courage
Langue au peuple qui toujours germe
Langue aux oranges partout
Langue aux rimes fraternelles
Langue oubliant son antique moisson
Langue facile comme le sont ces amours
Langue brandissant la tête coupée du poème
Langue ravissant le nom de ceux qui valent
Langue qui ne sait pas, ne sait plus pourquoi
les hommes l’aiment
Ni quelles machines travaillent sa mémoire
Ni quels sucs fermentent en son futur
Ô langue, ton archipel lointain est l’étranger,
Ton île et ta terre quelque Slavonie
Langue chassant au loin l’oiseau actuel
Langue de temps qui nous est propre
Langue qui n’a jamais su pourquoi ceux-ci la rêvent
Langue sans la foi de l’évidence,
Et comme privée de parole
Ô comme tu te plais à m’éviter,
Moi, mes pensées, leur bêlement, leur troupeau !
jf Monnet, mai 2020.
''La tête coupée du poème...'' ( ou :' 'Mon portrait décapité par un guerrier Nazca'')_
Dessin aquarellé sur carnet - jf Monnet décembre 2018
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