• LES DONNEES BRUTES DE LA POESIE

    Le cœur battant d’un petit tam-tam sous l’échine de ma bibliothèque.

     

    LES DONNEES BRUTES DE LA POESIE

                             ''J'ai nagé dans le grand désert brûlant'' - jf Monnet - peinture sur panneau 

      

       Essayant hier en soirée de suivre, bon an mal an, au gré des  téléchargements d’un ‘navigateur’  paresseux (ce mot n’était-il pas plus beau quand il s’appliquait aux seuls marins ?!) une émission politique paraît-il fort suivie,

    Et, alors que je m'étais armé d’une patience qui soupirait à essayer de contenir une réelle impatience,

     

    Mon regard tomba  sur un ouvrage dont le format le faisait dépasser des autres livres de la bibliothèque.

      

    Je l’avais acheté il y a quelques années, à l’occasion d’un ‘marché de Noël solidaire’ qui se tenait au square Saint Amour, lieu-dit aussi bien connu des Bisontins que bellement nommé.

     

    Je me souvins qu’à l’époque je m’étais fait la réflexion que, parmi  les articles en tout genre offerts à la vente, cet album que j’achetai avec son frère jumeau sur la poésie antillaise, rehaussait le caractère de l’offre générale que tous ces stands proposaient, puisqu’il s’agissait de littérature et plus encore, de poésie. Il y avait là, en l’essence de ces deux recueils, en somme, quelque chose de réfractaire à tout mercantilisme…

    Cela donnait de la ‘profondeur’ à l’ensemble, la gratuité de l’acte poétique faisant écho à la générosité de l’entreprise que représentait ce marché ‘solidaire’…

     

    LES DONNEES BRUTES DE LA POESIE

                            ''Crépuscule sur le Fleuve Niger'' - peinture et collage - jf Monnet

    Je relus complètement cet album : un poème par auteur, ni plus ni moins. Aucune prose, aucun  commentaire : les données brutes de la poésie en quelque sorte !

    Il ne s’agissait pas d’une anthologie (qui aurait été précédée inévitablement par une introduction et signée par une postface) ; l’ouvrage n’avait non plus aucune prétention à l’exhaustivité…

    Les noms  d’auteurs défilaient, sans aucun ordre  préétabli (ou bien, s’il y en avait un, il m’échappa),  morts et vivants, qui marquent et marquèrent, de leur présence d’écrivains et à des degrés divers, ce continent : Sony Labou Tansi, Birago Diop, Wole Soyinka, l’incontournable L.S. Senghor, Nimrod, Alain Mabanckou, Abdourahman Waberi, Hawad …

    On pouvait ne rien savoir, ou presque, de cette petite vingtaine d’auteurs (19 en tout), le fait était là : l’Afrique – ou plutôt ‘Les Afriques’ comme le rappellent parfois certains, se mettaient à vivre dans ce bref parcours spatio-temporel que permettent les mots du poème.

    La réalité ‘des Afriques’ se racontait au travers d’expressions qui exaltaient sa générosité, dépeignaient  son caractère tragique (dictatures, famines, emprisonnement, exil…) ou bien joyeux ; ou encore la dimension de la tradition (la référence aux Ancêtres) : s'enchaînaient des vers au ton tour à tour empathique ou grinçant, enflammé ou plombé, emporté ou tendre, amer ou émerveillé… Même l’acte littéraire se donnait à voir dans un poème flirtant avec l’humour et la verve surréaliste proches de l’inspiration d’un Prévert.

    Au travers de ces noms qui portaient devant eux l’étendard du poème et de sa parole originale, se disaient, en cette courte séquence d’une litanie que l’on sentait pouvoir être infinie, les choses tragi-comiques, douces-amères ou puissantes du Continent Africain et de ses habitants : la geôle de Mandela, la modernité, le courage de témoigner etc.

    Quand je refermai l’album et le rangeai à nouveau sur le rayonnage, deux pensées me vinrent à l’esprit :

    -          D’abord que la réalité d’un continent, en l’occurrence l’Afrique, est faite aussi (surtout ?) de la voix des auteurs qui la portent en eux, tripes, cœur et âme.

     

    -          Puis je réalisai que l’Afrique, certes une part toute petite, comme le cœur d’un minuscule tam-tam, avait sommeillé dans ma bibliothèque, avant que cette occasion ne la réveille… Cette petite part africaine ne dormait cependant que d’un œil, ses contrastes étant toujours prêts à me réveiller...  Mieux qu’aurait pu le faire une encyclopédie, les mots de tous ses poètes, ces textes finalement disparates*, laissaient une impression de vie et avaient un pouvoir comparable à celui du génie de la lampe.

     

     Aimé Césaire l'Antillais avait grandement raison quand il fourbissait la promesse ‘d’armes miraculeuses’... celles de la poésie bien sûr !...

                                                         jf Monnet, le 06/10/2011

     

    *Leur seul 'liant' étant le dynamisme d’un graphisme coloré qui illustrait l’ensemble de l’album.

      

    LES DONNEES BRUTES DE LA POESIE

                                              ''Le Masque''- peinture - JF Monnet

     


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