D'eau, d'humus et de forêt.

La bastide - Paysage du Var, à l'arbre cassé (à l'horizon, le massif des Maures)

Peinture à l'huile- jf Monnet, août 2022

... Ou bien ''les femmes crient quand les sources se tarissent'' : cette expression, je la cite de mémoire, est du poète Jean Grosjean et j'aurais bien du mal à en retrouver la trace dans ma bibliothèque.

Dans la bouche -ou sous la plume- de l'auteur elle a une valeur symbolique, spirituelle.

Il nous a fallu vivre ''normalement'', c'est-à-dire de façon conforme à nos habitudes de loisirs, d'occupations estivales, de voyage ou de dépaysement bénéfique.

Cependant, difficile de se boucher les yeux et d'occulter sa pensée par de la distraction à plein pot. Cela c'est déjà comme oublier que l'on est un humain inclus dans la destinée générale des espèces vivantes.

Cour de ferme (Drôme) - dessin - jf Monnet, août 2022

Il se trouve que j'ai eu l'occasion de réaliser un transect* partant du Var (Draguignan), passant par la Drôme (bord des reliefs : région de Dieulefit, mais aussi zone plus interne), écornant le Vercors puis me dirigeant vers la Savoie (lac du Bourget) et enfin vers Bourg-en- Bresse avant de rejoindre la Franche-Comté.

Le constat est sévère :

-Déficit hydrique généralisé, forêts massivement touchées par le stress hydrique ; partout des corniches calcaires soulignées par les lisérés rougeâtres d'arbres ou de friches complètements morts, l'absence quasi complète de terre et d'humus ainsi que la porosité de la roche (fissures) leur étant fatales.

-Ruisseaux et petites rivières à sec, lac de Sainte-Croix (vaste retenue artificielle) dont le niveau a baissé de plusieurs mètres (je présume qu'il en est de même à Vouglans dans le Jura), les grandioses Gorges du Verdon traversées et comme ridiculisées par un mince filet d'eau.

-Des signes dans la végétation ne trompant pas : perte de feuilles (qui est le meilleur moyen pour se protéger d'un dessèchement complet) très importante, alimentant une litière sèche qui n'a plus qu'à espérer après les pluies d'automne. Arbres perturbés physiologiquement, par exemple les érables, avec une mise à fruits** impressionnante, formant des grappes qui donnent au houppier une teinte générale un peu rousse. (Ordinairement la production de graines augmente et atteint son maximum chez l'arbre vieillissant, comme une ultime offrande à la nature c'est-à-dire une ultime chance donnée à la perpétuation de l'espèce ; donc tout se passe comme si le stress hydrique produisait un effet de vieillissement de l'arbre).

Seuls les vallons aux pentes accusées et suffisamment profonds offraient un couvert assez bien fourni et d'aspect normal, l'effet de l'ombre naturelle du lieu cumulant son effet avec l'effet de masse de la végétation pour préserver une ambiance plus tempérée, moins agressive.

Paysage de la Drôme près de Dieulefit - aquarelle - jf Monnet, août 2022

Cet hiver nos rivières de l'Est de la France ont connu plusieurs crues ; des centaines de milliers de mètres cubes d'eau ont suivi le cours naturel des choses (celui du ''cycle de l'eau'') et sont retournées dans le réservoir océanique mondial (en l'occurrence son annexe qui est la Méditerranée). Masses d'eau utiles et perdues pour les cultures...

J'ai été surpris de la très faible présence d'abeilles dans tous ces endroits. La rareté des papillons (lépidoptères) est généralisée également, seules sont repérables un très petit nombre d'espèces, toujours les mêmes. Cette homogénéisation des effets du dérèglement climatique est aussi un fait remarquable, au mauvais sens du terme...

Ressources en eau, retenues d'eau, sélection d'espèces résistantes***, préservation des massifs forestiers et de leur humus... 

L'écologisme n'est pas l'écologie. Trop de beaux parleurs sur les ondes !

Maintenant le programme est clair : Des idées suivies de leur mise en oeuvre... dans les territoires.

Les figuiers de Barbarie - dessin - jf Monnet, août 2022

Réchauffement climatique ? La situation a du piquant et ils s'en frottent les mains...!

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*(terme ici plutôt pompeux, j'en conviens - NB : il s'agit d'un vocable utilisé par les écologues, géologues et pédologues pour désigner une étude systématique de ce que présente la nature sur un trajet déterminé)

**il ne s'agit pas de fruits comestibles mais de fruits ailés porteurs de la graine à disséminer.

*** mais cela la nature s'en chargera de toute façon ; reste à voir si ce qu'elle nous proposera sera ''intéressant'' pour nous. Les réajustements climaciques (=mise en harmonie, en équilibre d'une végétation avec son environnement, sol, pluviosité, exposition...) s'opèrent en un peu plus d'une centaine d'année en zone tempérée.