Le silence méditatif  du peintre (dialogue avec une statuette)

 

Nature morte ou silencieuse, avec statuette africaine - peinture à l'huile - jf Monnet, décembre 2016

 

 

La statuette africaine pense à l’image

dont elle soutient le cadre comme une Cariatide,

Et c’est ici son monde, et l’habitation commune de tous les objets

qu’elle porte jusqu’à l’existence

 

Elle pense aux activités des hommes, au grand portail

dans son dos de l’autre côté de la vitre,

dont l’ombre des portes s’ouvre comme des ouïes

selon le cadran des heures

 

Elle pense aux cyclamens, dont les fleurs sont les âmes douces et entêtées

qui plus haut qu’elle se redressent

et qui vers l’infini comme de petites fontaines débordent.

 

Elle pense aux noyés de ces derniers temps,

à ceux venus d’Afrique et perdus dans quelque échouage

contre quelque récif ; elle pense au ciel

qui ne leur fut pas abri et au roulis des vagues qui, bien qu’innocent,

participe au mécanisme tragique du monde.

 

 

 Nature morte ou silencieuse, avec statuette africaine - peinture acrylique - jf Monnet, décembre 2016

 

 

Elle contemple le coquillage brillant comme l’os nacré

qui lui aussi attend la résurrection

et imagine le poisson qui eût pu d’un coup,

comme Léviathan, l’avaler.

 

Elle compare sa tournure à celle du pot de miel

qui n’a tant de beauté

que ce que son contenu, blond trésor, laisse

aux papilles imaginer.

 

Elle  se réjouit du petit cheval qui galope

incendiant l'huis du vent de sa crinière

et arrachant ses sabots à la glèbe ;

elle s’amuse du jeu des fruits

dont les couleurs orangées se bousculent ;

 

Elle se tient droite, d’ébène enceinte, un peu cambrée

Et semble dire : ‘’voyez ce que le silence 

 

laisse croître de vie et de feu’’.

 

 

Nature silencieuse, avec statuette africaine  et coquillage-

Peinture à l'huile - jf Monnet, décembre 2016